Entre réemploi et recyclage, le choix n’est pas si simple

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Pour conquérir des parts de marché dans le secteur des produits frais, des industries rivales, celle de l’emballage de carton et celle des contenants de plastique, mènent campagne sur deux fronts. Or on ne voit pas la fin ni de la bataille économique ni de la bataille environnementale. On ne s’attend pas non plus à ce que le coup de grâce soit asséné à l’une ou l’autre par les analyses de cycle de vie évaluées par les pairs. L’emballage de carton l’emportera toujours sur certains critères, les contenants de plastique sur d’autres.

Ce qui ressort toutefois, c’est la question fondamentale de la salubrité et de l’hygiène. Pour les détaillants, les producteurs et les consommateurs, la sécurité alimentaire constitue une préoccupation de tous les instants. Il est vrai que les consommateurs n’ont pas à se soucier du fait que les aliments soient transportés dans des boîtes de carton ou des contenants de plastique. L’important, c’est la paix d’esprit. Deux voies s’offrent alors.

Le système courant, celui des boîtes de carton ondulé, propose des emballages neufs à chaque livraison. Ce qui ne revient pas à couper des arbres pour chaque nouvelle boîte produite. Dans les faits, la vaste majorité des emballages de carton ondulé produits au Canada se composent de matière recyclée à 100 %, qui provient en partie des ballots de carton récupérés par les détaillants et pour lesquels ils obtiennent une compensation substantielle[1]. Les emballages sont recyclés plusieurs fois durant leur vie utile et les processus de transformation sont soumis à des contrôles de qualité stricts[2].

Le fait que les emballages soient neufs à tous coups minimise la présence potentielle d’agents pathogènes et de bactéries indésirables. Récemment, une étude indépendante sur les emballages de carton ondulé a démontré que chacune des 720 boîtes de carton testées dans des usines du Nord-Ouest des États-Unis, de la Californie et de la Floride présentait des niveaux adéquats de salubrité.

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Quant au système des contenants de plastique réutilisables, il présente des failles de désinfection notoires. Cela viendrait du fait que les contenants ne sont pas adéquatement nettoyés entre leurs multiples usages. Chercheur en sciences des aliments rattaché à l’Université de Guelph, le professeur Keith Warriner a publié une étude  qui démontre qu’une proportion importante de contenants de  plastique arrivent au Canada dans des conditions d’hygiène déplorables. Il faut surtout s’inquiéter de la prévalence élevée des indicateurs de sécurité alimentaire, en particulier de celle de la bactérie E. coli, trouvée sur 13 % des contenants.

Le professeur Trevor Suslow arrive à des conclusions similaires dans une étude subséquente menée à l’Université de Californie à Davis. Il suggère aux entreprises productrices et aux entreprises d’emballage et de livraison de se protéger en effectuant des tests bactériologiques in situ à l’aide de tampons de prélèvement. Dans un article du magazine Food Safety News, il affirme : « Les produits frais ne devraient pas entrer en contact direct avec les contenants de plastique réutilisables. Si vous êtes incapable de contrôler la contamination, vous devriez vous tourner vers d’autres options. »

 


[1] « Le fait de détourner le carton des sites d’enfouissement a plusieurs avantages : non seulement cela diminue les coûts environnementaux et économiques associés à l’enfouissement, mais la matière recyclée est réinvestie dans le cycle et cela génère des revenus pour les détaillants » (Mark Schembri, VP Entretien des magasins Loblaws, cité dans le magazine Canadian Grocer, mars 2012). Selon le CEEPC, en 2014, les détaillants se sont partagé plus de 50 millions de dollars en revenus provenant du recyclage des vieux cartons.

[2] Les fibres de papier peuvent être recyclées jusqu’à neuf fois. Durant le processus de recyclage standard, la température de la feuille de papier atteint de 220 à 240 degrés Fahrenheit (de 428 à 464 degrés Celsius), soit beaucoup plus que le point d’ébullition de l’eau et que les températures requises pour la stérilisation. Le processus de transformation comporte lui aussi des étapes de chauffe à températures élevées et des contrôles de salubrité et d’hygiène.

John Mullinder

Executive Director Paper & Paperboard Packaging Environmental Council (PPEC)
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